La bibliothèque du Carré d’Art à Nîmes proposait au printemps 2020 une exposition consacrée à « un Nîmois en Afrique » Paul Soleillet (1842-1886).
Qui était cet homme, évanoui des mémoires et dont l’exhumation aujourd’hui laisse apparaître un homme attachant ?
Bien que se trouvant dans le mouvement général de la colonisation, il adopta des positions originales qui lui valurent de nombreuses critiques : par le respect des populations autochtones, son horreur de l’esclavage et sa croyance dans l’amitié entre chrétiens et musulmans.
Il a le souci constant de se fondre dans la population, souhaitant nouer des liens amicaux pour favoriser les échanges commerciaux.
Inclassable Soleillet !
Il fut, de 1866 à 1886 (avec l’amateurisme que l’époque autorisait) :
– explorateur (voyages le long des fleuves Sénégal et Niger, séjours à Ségou et en Ethiopie),
– commerçant (ruiné lors d’échanges transsahariens),
– humanitaire (soignant les caravaniers),
– géographe (ses relevés sont toutefois imprécis),
– entrepreneur (en souhaitant relier Saint-Louis du Sénégal à Alger par le chemin de fer !),
– humaniste (par ses positions anti esclavagistes),
– membre de sociétés savantes,
– collectionneur (Soleillet achète pour le musée d’ethnographie de Paris de nombreux objets et tissus). 294 objets sont déposés à son nom entre 1883 et 1892 et figurent aujourd’hui, pour la plupart, à Branly.
Après plusieurs allers-retours en France, il s’oriente vers l’Ethiopie où il rencontre un autre marchand d’armes, un certain Arthur Rimbaud.
Il meurt à Aden des suites d’une insolation, laissant le souvenir d’un homme curieux et naïf, plongé dans une aventure sans doute trop grande pour lui.
A l’occasion de l’exposition « Rimbaud-Soleillet, une saison en Afrique », un livre illustré a été publié : « Paul Soleillet, un Nîmois en Afrique », ville de Nîmes, Bibliothèque Carré d’Art, 2019, 13,50 €.