Au musée des Confluences le 15 mars 2019, conférence de R. Hamayon «Chamanismes».

Présentée par J.Y. Loude, Roberte Hamayon fait partager au large public réuni au musée des Confluences son savoir sur les chamanismes, qu’elle a exploré à partir de sa connaissance du monde sibérien.

Elle a d’abord retracé l’histoire -longue- du terme chamanisme, tour à tour utilisé pour parler de rites déroutants, de folie, de psychothérapies lointaines… L’origine est au 17e siècle, la découverte par un pope russe de l’ethnie toungouse en Sibérie. « L’Encyclopédie » de Diderot considère le chamanisme comme le propre de « peuples ignorants et crédules ».

Il existe des chamanismes, le pluriel est important (péruvien, coréen) associés à des pratiques de guérison. Il ne s’agit pas de religions (pas de doctrine ni de liturgie) et les pratiques sont très différentes d’un shaman à un autre. En Sibérie, il s’agit surtout d’invoquer les esprits pour qu’ils autorisent le prélèvement d’animaux permettant aux humains de survivre dans une forêt hostile. Le développement du pastoralisme et l’évolution des mœurs a considérablement réduit le chamanisme sibérien, qui semble survivre surtout grâce au « tourisme chamanique ».

La conférencière a beaucoup insisté sur les évolutions actuelles, liées à l’engouement occidental pour ces pratiques à partir de l’époque du « New Age » (années 80). On ajoute alors au chamanisme une spiritualité qui n’y figure pas à l’origine.

Les occidentaux en attendent un « bien-être » individuel et des résultats immédiats bien dans l’esprit de l’époque mais peu conforme au chamanisme traditionnel. L’ethnologue nous a donc livré une analyse très précise des rites sibériens mais aussi une vision quelque peu critique sur les modes actuelles et les confusions auxquelles elles donnent lieu.

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