Présentée par J.Y. Loude, Roberte Hamayon fait partager au large public réuni au musée des Confluences son savoir sur les chamanismes, qu’elle a exploré à partir de sa connaissance du monde sibérien.
Elle a d’abord retracé l’histoire -longue- du terme chamanisme, tour à tour utilisé pour parler de rites déroutants, de folie, de psychothérapies lointaines… L’origine est au 17e siècle, la découverte par un pope russe de l’ethnie toungouse en Sibérie. « L’Encyclopédie » de Diderot considère le chamanisme comme le propre de « peuples ignorants et crédules ».
Il existe des chamanismes, le pluriel est important (péruvien, coréen) associés à des pratiques de guérison. Il ne s’agit pas de religions (pas de doctrine ni de liturgie) et les pratiques sont très différentes d’un shaman à un autre. En Sibérie, il s’agit surtout d’invoquer les esprits pour qu’ils autorisent le prélèvement d’animaux permettant aux humains de survivre dans une forêt hostile. Le développement du pastoralisme et l’évolution des mœurs a considérablement réduit le chamanisme sibérien, qui semble survivre surtout grâce au « tourisme chamanique ».
La conférencière a beaucoup insisté sur les évolutions actuelles, liées à l’engouement occidental pour ces pratiques à partir de l’époque du « New Age » (années 80). On ajoute alors au chamanisme une spiritualité qui n’y figure pas à l’origine.
Les occidentaux en attendent un « bien-être » individuel et des résultats immédiats bien dans l’esprit de l’époque mais peu conforme au chamanisme traditionnel. L’ethnologue nous a donc livré une analyse très précise des rites sibériens mais aussi une vision quelque peu critique sur les modes actuelles et les confusions auxquelles elles donnent lieu.