Une exhumation bienvenue

Les peintures de l’Ancien Musée des Arts Africains et Océaniens de la porte Dorée.

A propos de l’exposition « Peintures des lointains » au Musée du Quai Branly- Jacques Chirac jusqu’au 3 février 2019.

221 œuvres oubliées : ce n’est pas tous les jours que le visiteur est convié à une telle redécouverte ! Ces œuvres, principalement des peintures, faisaient partie des collections de l’ex-Musée des Colonies de la Porte Dorée à Paris et sont tombées dans l’oubli. Ou plus exactement ont été considérées comme trop marquées par le colonialisme pour être montrées. Plus de 50 ans après la décolonisation, le Quai Branly, héritier de cette manne, a jugé qu’il était temps de les regarder à nouveau. Et on ne peut que le remercier, tant la richesse, la couleur, la vitalité de ces peintures est frappante. Les panoramas sont peut-être idylliques, les costumes parfois trop luxueux, les « indigènes » représentés trop beaux…mais le charme opère. D’abord l’exotisme : des animaux, des montagnes, des mers, des palmiers… Mais surtout de magnifiques personnages : ce roi africain peint par André Hérault (1929), ce marquisien tatoué peint par Félix Marant-Boissauveur (1846). Les décors peints pour l’Exposition coloniale de 1931 sont présents, tels cette frise de jeunes vietnamiennes de Marie-Antoinette Bouillard-Devé(1930). On y découvre aussi la fécondité des associations d’artistes inspirés par l’ «outre-mer », dans la lignée des « orientalistes » du début du 19è siècle. A côté de peintres bien connus, comme Eugène Fromentin, le visiteur y découvre des artistes, dont certains sont d’honnêtes illustrateurs mais dont d’autres sont de véritables créateurs, sincèrement inspirés par la beauté de la nature ou des hommes rencontrés dans cet « Empire ». L’exposition sait bien les mettre en valeur, tout en rappelant le contexte historique et politique de leur œuvre.

En visitant cette exposition, on comprend mieux la fascination exercée par cet imaginaire colonial. On y voit à l’œuvre l’instrumentalisation de l’art par un projet politique, mais aussi l’émotion réelle que tous ces artistes ont éprouvée face aux merveilles qui s’ouvraient à eux.

 

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