Le premier noir chez les indiens d’Amérique du Nord.

Ou l’étrange histoire d’Esteban.

C’est une incroyable histoire que nous a raconté le 9/11 Me Dominique Arcadio, avocat au barreau de Lyon et par ailleurs grand connaisseur des civilisations indiennes.

Esteban, esclave né au Maroc, se retrouve le compagnon d’expédition d’un groupe de conquistadores dans le golfe du Mexique. Nous sommes en 1536. Il est prisonnier des Indiens pendant 6 ans, traverse des déserts, circule au Mexique et arrive chez les Zuni….

Dans son périple, sa forte constitution, ses talents présumés de guérisseur, sa séduction auprès des femmes, son accoutrement, font de lui un personnage mythique qui marque les esprits. Malheureusement, les indiens le suspectent d’être suivis par des troupes espagnoles et il est assassiné.

Cette histoire, qui ferait déjà un beau scénario de film, prend toute sa dimension quand on pense que ce personnage a disparu de la mémoire collective européenne, mais est réutilisé aujourdhui dans les milieux afro-américains comme un « grand ancêtre » de la présence noire sur le continent américain. Et surtout, il est présent à travers les « kachinas » (sorte de poupées sacrées très prisées par les surréalistes) utilisées dans les rites Pueblos encore aujourdhui car certaines ont la peau noire…

Nous sommes aux confins de l’histoire (il y a des écrits) et de la légende ! Esteban devient membre du panthéon Pueblo, parmi les 400 divinités honorées par ce peuple. Des danses cérémonielles secrètes comportent des personnages dont certains sont noirs, d’autres habillés en prêtre (le dominicain qui l’accompagnait) !

Histoire individuelle hors du commun, cette épopée laisse voir la part de reconstruction a posteriori d’un personnage, qui peut être vu de manière plurielle : simple aventurier doué pour les langues et résistant aux péripéties vécues ? esclave libéré devenant un leader ? les débats sur le personnage et sur les objets témoins de son influence ont été riches, comme l’ont été les commentaires de notre ami P.Perrin, dont on connaît la prédilection pour les traditions amérindiennes.

En tous cas, une occasion de nous replonger, pour poursuivre cette réflexion sur les récits des conquistadores concernés par cette aventure ( surtout Nunez Cabeza de Vaca), sur la controverse de Valladolid , sur les écrits de Bartolomé de las Casas, le défenseur des indiens….et sur les échanges multiples entre ces deux continents. D’autres initiatives seront à prendre par l’ACAP pour continuer à traiter ce passionnant sujet !

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