Conférence de Fakhera Mossavi, docteur en sciences politiques, le 29/4/2021 en visioconférence.
La destruction des Bouddhas de Bamiyan (ville historique du centre de l’Afghanistan) en 2001 avait choqué l’opinion internationale. Notre amie Fakhera Mossavi, personnalité afghane vivant à Lyon, a accepté de nous présenter un état de la situation artistique de son pays.
Rappelons qu’il s’agissait de trois statues de grande valeur historique, un bouddha homme de 54 m de hauteur, une femme de 38 m et un enfant de 10 m, situés dans une région où ont toujours coexisté différentes communautés et ayant résisté aux diverses guerres et invasions précédentes.
Depuis, une prise de conscience a eu lieu, tant des populations locales soucieuses de préserver ce qui reste du patrimoine, que des archéologues venus enquêter sur place. Le lieu est sécurisé pour éviter les pillages et des pierres sont conservées pour d’éventuels travaux ultérieurs, bien que le projet de reconstruction proposé par une entreprise japonaise ait été abandonné. Témoignage passionnant dans l’assistance, une femme de Bamyan vivant à Lyon nous a dit que la région restait attirante pour de nombreux afghans, même si le retour annoncé des talibans est très inquiétant.
Une nouvelle génération d’artistes est née après 2001, se consacrant à de la peinture figurative, soit autour du bouddha, soit représentant des corps humains (et notamment de femmes), ce qui est nouveau dans ce contexte culturel. Hafiz Pazkad par exemple est un peintre actif (il vit à Paris). Tamina Tamaris, autre exemple, a exposé en 2014 dans son pays (mais a été confrontée à la censure et vit aujourd’hui en Allemagne). D’autres artistes travaillent actuellement, soit en Afghanistan, soit en exil, consacrant ainsi le surgissement d’un art contemporain afghan, comme si le choc de 2001 avait provoqué un véritable réveil artistique.
Motif donc d’espoir, tout en étant conscient des nuages qui s’accumulent à cause de la situation politique, dans un pays qui mérite notre intérêt et notre sympathie.
(Voir aussi la vidéo de l’exposition « Des images et des hommes, Bamiyan 20 ans après » du musée des national des arts asiatiques – Guimet.)