Projection au CCA le 21 février 2020 du film de Christine Allot-Bouty.
Une française, familière d’actions humanitaires au Burkina, découvre un jour un écrivain oublié et enquête sur lui : c’est le point de départ du travail de Christine Allot-Bouty, qui est venue présenter son documentaire : « Dimdolobsom, une mémoire éclipsée » au CCA le 21 février 2020.
Une avenue à Ouaga, quelques écoles : c’est à peu près tout ce qui reste du nom de cet écrivain-ethnologue, aujourd’hui oublié. Né en 1897 à Sao, fils de roi, il fait son éducation chez les Pères et est recruté comme fonctionnaire au gouvernement général de la Haute-Volta, position très rare à l’époque pour les « indigènes ».
Il écrit plusieurs ouvrages, dont « L’empire des Mogho-Naba » (1932) et l’un des premiers ouvrages sur la sorcellerie, où il décrit en détail les pratiques des sorciers : « Les secrets des sorciers noirs » (1934). Il se brouille avec son administration, et critique les Pères. On peut penser que son ouvrage sur les sorciers ne lui a pas non plus fait des amis…Toujours est-il qu’il meurt en 1940 dans des conditions mystérieuses. Ses petits-enfants témoignent de leur fierté familiale et des universitaires racontent en quoi il a été un précurseur et concurrence Nazi Boni (1912-1969) comme premier écrivain voltaïque.
Le débat qui s’est ensuivi a abordé de nombreuses questions soulevées par le film : comment l’auteure du film a-t’elle pu accéder à ses sources ? Cet écrivain n’a-t-il pas souffert de ses appartenances multiples (africain « éduqué », fonctionnaire, intellectuel) ? Pourquoi un tel oubli ?pourquoi ses œuvres sont-elles indisponibles en Afrique ?
Une magnifique découverte en tous cas, qui provoque une réflexion sur la nécessaire redécouverte par l’Afrique de son propre patrimoine intellectuel.