Sur la piste des Sioux

Visite guidée au Musée des Confluences le 2 juin 2022.

Dès l’entrée, on se retrouve dans nos rêves d’enfant : paysages immenses, bisons et tipis. Mais l’exposition va bien au-delà : elle déroule une vaste documentation sur les indiens d’Amérique du Nord allant du 17è siècle à nos jours.

Portrait de Ee-ah-sa-pa (la Roche Noire) Huile sur toile 1845 Georges Catlin

Il y a plusieurs raisons pour trouver cette exposition passionnante. Bien sûr, la qualité des objets présentés (tenues, mocassins, bonnets guerriers à plumes) ou celle des documents (affiches, photographies), qui retracent la découverte par les Européens des coutumes indiennes. Mais on suit aussi avec intérêt l’origine des objets, par exemple ceux issus des huit malles contenant 157 objets indiens achetées par le collectionneur belge François Chladiuk en 2004 (qui prête nombre de ses pièces à l’exposition). On est également touchés par la relation avec les descendants des indiens montrés sur les photos : par exemple grâce à la vidéo où l’on voit le collectionneur remettre une photo de son ancêtre dans une pauvre maison de Dakota du Sud à un vieil indien qui n’en avait pas gardé trace.

L’exposition traite des représentations ayant forgé l’imaginaire européen sur les indiens. Une grande place est donnée à deux évènements quelque peu oubliés.

D’abord le fabuleux spectacle western de « Buffalo Bill », sillonnant l’Europe grâce à des trains spéciaux entre 1883 et 1913. Les indiens amenés des Etats-Unis sont payés par cet entrepreneur de spectacles, qui réussit à attirer des foules innombrables, mais aussi des artistes. Par exemple, Rosa Bonheur, grande peintre animalière (à laquelle le Musée d’Orsay consacrera une grande exposition en octobre 2022) sympathise avec Buffalo Bill et peint des animaux de la troupe. Le spectacle passe deux fois à Lyon : les usagers actuels du parc Bonneterre à Villeurbanne ignorent sans doute que Buffalo Bill et ses indiens y sont venus en 1889 et 1905…

Le deuxième est l’Exposition universelle de Bruxelles en 1935, au cours de laquelle des familles indiennes participent à des représentations « folkloriques », dont il reste des photos et des documents.

Le titre de l’exposition est un clin d’œil mais il est réducteur : ce ne sont pas seulement les Sioux qui sont évoqués, et surtout c’est l’ensemble de l’imaginaire forgé au cours des siècles qui est montré, à travers des tableaux, des gravures et des ouvrages. Sans oublier la référence au sort peu enviable réservé à ces peuples par les colons américains.

Une réussite, découverte sous la conduite compétente et souriante de notre amie Merja Laukia.

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