C’est une leçon d’optimisme que a donnée Camille Andrieu à près d’une vingtaine d’adhérents de l’ACAP dans la présentation de son livre (« Le 21ème siècle s’invente en Afrique » aux Editions Atlande) samedi 23 novembre 2019 à 18h, ouvrage dont le titre est en effet tout un programme.
Ancienne élève de l’ENA, elle a obtenu pour ce travail le Prix HEC Entrepreneurs.
Non pas qu’elle ignore les nombreux défis auxquels ce continent doit faire face : une explosion démographique (4 milliards d’habitants en 2100) qui met sur le marché du travail deux fois plus de jeunes que l’économie n’en peut absorber, 43% de la population sous le seuil de pauvreté, les questions sanitaires, les conflits armés etc. Mais toute crise crée des opportunités : une croissance globale de 4%, une classe moyenne émergente, des investissements colossaux.
L’auteur s’attache surtout à montrer la naissance d’un « écosystème » entrepreneurial innovant, sous deux formes : d’une part l’innovation frugale (faire plus avec moins), qui utilise la débrouillardise et la souplesse (ex : l’incubateur d’entreprises « Woelab » à Lomé), d’autre part le « saut de grenouille », qui permet à une entreprise de sauter des étapes considérées auparavant comme nécessaires (ex : le système de paiement par téléphone portable, utilisé par 70% des kenyans).
La technologie permet de lancer des projets innovants : Camille Andrieu en énumère certains dans le domaine de la santé, de l’éducation, de l’agriculture (au cours d’un rendez- vous à Paris, elle voit son interlocuteur déclencher par son smartphone l’irrigation de ses terres au Niger…). Certains pays (surtout dans l’environnement plus favorable qu’est l’Afrique du Sud et de l’Est) se fixent une « feuille de route » technologique ambitieuse (Afrique du sud, Kenya, et surtout le surprenant Rwanda)
Ce développement passe par des financements innovants : il y a de l’argent dormant en Afrique qu’il faudrait mobiliser pour des projets à risque (fonds d’Etat, argent de la diaspora) à condition de sortir d’une culture du fonctionnariat et de la consommation immédiate.
Camille Andrieu termine en évoquant les atouts de la France, qui perd actuellement de la part de marché, mais qui pourrait réorienter son partenariat en favorisant l’entrepreneuriat, en ciblant mieux ses aides, en favorisant la synergie avec les DOM-TOM, et en jouant la carte européenne (prise globalement, l’UE reste de loin le premier partenaire commercial de l’Afrique)
Les questions qui ont été posées ensuite par l’auditoire ont confirmé l’intérêt et le caractère stimulant de cette présentation synthétique, documentée et positive.
Conférence passionnante de Camille Andrieu sur l’Afrique sub saharienne d’aujourd’hui avec ses problèmes mais aussi ses réussites et les espoirs de développement qu’ils font naître.
Une nouveauté pour l’ACAP qui sort des objets avec leurs aspects artisanaux, utilitaires ou cultuels pour explorer la vie et le monde actuel.
L’aventure continue: la nôtre, mais surtout celle de l’humanité!